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criquet

— Qu’est-ce que tu faisais donc toute la journée ? interrogea Criquet avec surprise.

— Ce que je faisais ? Je t’ai bien parlé de deux types dont j’ai fait la connaissance ? Un qui est étudiant à Bordeaux, l’autre de la Taupe, à Saint-Louis ?

— Vous jouiez ensemble ?

— Jouer !

Michel, comme Jeanne tout à l’heure, eut un ricanement.

— Tu es trop bête pour ton âge, mon pauvre Criquet. Le matin, nous prenions un bain, et tu sais, on avait sous le peignoir un kodak pour les baigneuses qui avaient du galbe ; puis nous allions voir les autos qui partaient en excursion ; on flânait devant les boutiques, on déjeunait… L’après-midi, nous nous promenions dans le parc du Casino, à l’heure de la musique. Mes copains connaissaient toutes les femmes…

— Ah ! fit Criquet, avec indifférence.

— Mais nous allions surtout aux petits chevaux et au théâtre.

Il prit un air mystérieux.

— Pourquoi ?

— Parce que Meyran, celui de Bordeaux, qui a dix-neuf ans, avait le fort béguin pour une actrice… Jolie fille, un peu maigre pour mon goût, mais jolie fille ! Nous lui portions des bouquets — c’est Meyran qui les payait — nous tâchions de lui parler quand