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criquet

prise ! Où l’as-tu ramassée ? Et ça, mon Dieu, qu’est-ce que c’est que ça ?

Elle éclata d’un grand rire :

— Mais c’est de la moustache, de la vraie ! Regarde, maman ! Avant, tu avais les lèvres mâchurées… Les poils ont au moins trois centimètres ; il faudra que je les mesure… Seulement sous chaque poil il y a un bouton et ils ne sont guère souples, de vrais fils de fer !

Elle essaya de friser le petit pinceau noir et dur, puis tira le nez de Michel.

— Il est encore plus long qu’avant, dit-elle.

Il la repoussa avec un peu d’humeur.

— Quelles manières, mais quelles manières !

— Voyons, Criquet, laisse ton cousin, ajouta madame Dayrolles. Ce n’est pas convenable et tu me romps la tête !

Ses paroles s’achevèrent en gémissement et elle se cacha le visage dans ses mains.

— Tu as grandi, toi aussi, observa Michel qui regardait sa cousine avec condescendance. Mais quelle taille, non quelle touche ! On dirait une grosse poutre mal équarrie. Tu es ossifiée, ma pauvre fille !

— Ce que je m’en fiche, espèce d’idiot !

Et des deux mains Criquet fourragea dans les cheveux de son cousin.

— Ah ! c’est spirituel, fit-il en la repoussant. Voilà ma raie défaite, et justement ma trousse est restée dans la valise.