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— Et puis elle eut encore d’autres fleurs et des graines, des cosses brunes et brillantes qui, lorsque je les effleurais du bout du doigt, me lançaient en pleine figure des graines menues, rondes comme des balles. Elle avait l’air de me rire au nez. Je me disais : « Qui sait ? C’est peut-être une fée… »

— Elle est longue, ton histoire ! fit Maurice avec un soupir.

— Elle va finir : un matin, j’ai trouvé la balsamine étendue en travers de mon jardin, les feuilles et les fleurs déjà flétries : un insecte était entré dans la tige creuse et l’avait rongée…

— Ah ! dit Marc avec tranquillité.

— Il y en a des balsamines ici ? demanda Maurice.

— Oui ; tout ce massif, regardez…

— Elles sont grandes, dit Maurice, poliment.

— Ce n’est pas très beau, ajouta Marc déçu.

Camille encore émue, les yeux humides, fut un peu blessée de leur indifférence. Plus tard elle saura que les souvenirs touchent seuls ceux qui les ont éprouvés. Aujourd’hui, elle s’écarte en boudant, mais apercevant sous l’arbre une figue toute ridée, elle la mange, lui trouve un goût exquis de confiture rance et se console.


— Veux-tu qu’on joue à faire fleurir les fleurs ? demande un des petits.

C’était naguère un des passe-temps favoris de Cri-