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criquet

— Ah ! ça va devenir intéressant !

— … En arrivant devant un de mes jardins, j’aperçois une mignonne petite plante, si petite, avec deux feuilles minuscules, jumelles comme vous, sur une tige mince, un fil rose. Je cours demander son nom au jardinier. Il me répond : « Je ne sais pas ; on le saura quand elle sera grande. Seulement, si vous la déménagez, elle mourra comme les autres. »

» Je ne l’ai jamais touchée. Chaque matin, je courais pour voir si la nuit l’avait changée ; elle grandissait ; d’autres feuilles luisantes lui étaient poussées et la tige montait, montait, rose, creuse, avec des cannelures d’un rouge brillant. « C’est une balsamine », m’avait dit le jardinier. Je l’appelais « ma balsamine », Je trouvais le nom si joli ! Je lui parlais, je l’aimais d’être venue comme ça, toute seule dans mon jardin. de l’avoir choisi sur toute la terre pour y naître.

» Elle devenait sans cesse plus haute, plus belle, ce n’était plus une plante, mais un arbuste. J’étais forcée maintenant de me tenir sur la pointe des pieds pour lui voir le cœur. Il y eut d’abord des petits boutons blanc vert, en cercle, puis le blanc se teinta de rose pâle et bientôt c’étaient de belles fleurs rose vif pointillées de rouge, des fleurs en forme de sabots de lutins et qui sentaient bon, oh ! si bon ! Suzanne me disait : « Elle n’a pas d’odeur. » Mais ce n’était pas sa balsamine…

— Et puis ?