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air paisible, cet air de tous les jours qu’avait Suzanne.

— Voilà, fit-elle gauchement, j’étais allée pêcher et dans le bois de Ker-Babu…

— Tu pêchais, dans un bois ? interrompit Suzanne.

— Ne ris pas, je te le défends !

— Quel ton tragique !

— Dans ce bois, j’ai trouvé quelqu’un. Devine qui ?

— Comment veux-tu ?…

— Quelqu’un qui pleurait… Tu sais maintenant ?… Non ? Tu le fais exprès… Eh bien, Jacques, là !

— Jacques ?

Suzanne ouvrit tout grands ses yeux bleu de lin, avec une expression de surprise innocente.

— Oui… Et il pleurait parce qu’il est amoureux de toi. Et l’an dernier, tu lui as dit aussi que tu l’aimais… Alors il faut que tu te maries avec lui : sans cela, il va se tuer.

— Se tuer, Jacques ?

Et Suzanne eut un rire clair et railleur :

— … Il a trop bon appétit pour ça !…

— Tu serais peut-être contente qu’il se laisse mourir de faim ? cria Criquet. Pourquoi ne veux-tu pas te marier avec lui ?

— Avec Jacques ? C’est un gamin !…

— Un gamin ? Il a ton âge…

— Autrefois, oui ; mais à présent… Est-ce qu’il a une position, Jacques ?