Page:Viollis - Criquet, 1913.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
criquet

— Oui, tu as du chagrin. Je sais bien pourquoi…

Un silence.

— Je sais que tu es amoureux, prononce Criquet d’un ton important.

Un soubresaut agite le veston et une voix furieuse crie :

— Qu’est-ce que tu peux bien savoir de ces choses-là ? Une gosse ! De quoi je me mêle !

— Oh ! bien sûr que je n’ai jamais été amoureuse, moi, fait Criquet, l’air supérieur et dédaigneux. Il fera même chaud… Mais je sais tout de même. J’ai vu miss Winnie l’an dernier… Et puis on lit… Ce n’est guère amusant, l’amour !

Une pause. Jacques reniflait doucement sur son bras.

— Et naturellement c’est de Suzanne que tu es amoureux, continua Criquet.

Elle était assez fière au fond de devenir la confidente du grand cousin qui l’avait toujours traitée en gamine…

Un petit hoquet lui répondit.

— Alors, observa-t-elle, je ne vois pas pourquoi tu pleures comme une fontaine. Il n’y a rien de cassé. Excepté toi, je ne vois personne qui puisse épouser Suzanne.

Jacques leva d’un coup brusque sa tête pourpre aux lèvres gonflées :

— Tu ne vois personne ? cria-t-il. Où as-tu les yeux ? Tu n’as donc pas remarqué ce grand imbé-