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comme dans les arches de Noé, on voit près des arbres des petites bêtes effarées. Qui sait si, en cherchant bien, on ne découvrirait pas aussi la bergère, raide et digne, en corsage de bois rouge ?

— Que je voudrais vivre une minute, rien qu’une minute, dans cette petite forêt, soupire Criquet.

Une aiguille de pin aux dents, elle s’assied ensuite, son genou entre ses bras croisés, et considère gravement les arbres qui l’entourent. Pas un seul châtaignier aux branches lisses et étalées, pas de chêne aux bras tordus qui s’étendent ou se recourbent en fauteuils et en lits. Rien que des arbustes ou des pins. Il lui faudra grimper, les bras et les genoux au tronc, son livre entre les dents.

« À moins que je ne l’enferme dans mon pantalon », pense Criquet.

Il lui arrive souvent de transporter ou de dissimuler ainsi sa bibliothèque.

De nouveau ses regards tombent sur Jacques. Elle n’aperçoit qu’un petit coin de sa joue et de son nez, rouges et luisants. Sa peau est également rouge jusque dans les cheveux ras et blonds, jusqu’en bas de la nuque. Il a encore pleuré, sans doute.

— Tu as du chagrin, mon pauvre Jacques ? dit-elle enfin d’une voix un peu tremblante qui l’étonne elle-même.

Un grognement. La tête du jeune homme disparaît sous ses deux bras.