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elle, en regardant tour à tour de ses yeux couleur de faïence, son frère et sa belle-sœur.

— Déplorable ! fait M. Dayrolles. Ce n’est que la dixième fois depuis huit jours ! Je pense que ce n’est pas pour cet événement que tu nous éveilles en sursaut ?

— Non, certes, non ; je cherche Jacques. Où est mon fils ?

M. Dayrolles ébauche un signe d’impatience.

— Sans doute avec Suzanne et miss Winnie qui sont allées au tennis des Bourgoin, dit madame Dayrolles.

— Il n’est pas à la Négraie, maman, interrompt Camille. Il est parti pour la pêche : il avait sa ligne et son vieux pantalon blanc.

— À la pêche, quand il s’agit de son avenir ! s’écrie tante Éléonore en élevant les mains. C’est inconcevable ! Où ce malheureux enfant a-t-il la tête ? Il doit écrire aujourd’hui une lettre des plus importantes ; et l’heure du courrier approche…

Criquet saute de sa chaise :

— Je veux bien aller le chercher… Je sais où il est, fait-elle avec empressement.

Madame Broussot la contemple un instant sans mot dire. Son visage important et naïf trahit une lutte intérieure. Elle n’aime pas voir Camille courir les champs. D’autre part, elle a besoin de Jacques et aller le chercher elle-même, sous ce soleil, dépasse son amour maternel.