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ferrée était reliée à ce camp par un passage entre deux palissades. Le second matin, vers six heures, survenait un train de marchandises. Tirant çà et là des coups de fusil, à coups de poing, à coups de botte, à coups de matraque, les geôliers poussèrent les prisonniers qui, pris de panique, se bousculaient dans l’étroit couloir, et leur ordonnèrent de monter dans les wagons.

Des wagons ordinaires sur lesquels on lisait : six chevaux et trente-deux hommes. Le plancher était couvert d’une épaisse couche de chaux vive ; mais comment les malheureux auraient-ils pu le remarquer ? Ils furent bientôt une centaine, hommes, femmes, enfants, vieillards, si étroitement serrés et comprimés qu’à peine pouvaient-ils respirer. Une trentaine d’autres furent lancés par dessus leurs têtes. Puis le wagon fut fermé, cadenassé sur les cris, les gémissements, les supplications. À un autre…

Quand les six mille prisonniers eurent été entassés de cette façon dans les wagons, le train partit et s’arrêta à une quarantaine de kilomètres, en pleine campagne désertique. Des soldats en armes veillaient pour empêcher les évasions.

Or, la chaux vive, en contact avec l’humidité, dégage des vapeurs de chlore qui, lentement, asphyxient les victimes. Quand, quelques jours plus tard, on ouvrit les portes, face à de larges fosses qu’on venait de creuser, on ne trouva plus que des cadavres à l’affreuse puanteur dont les pieds et les jambes avaient été rongés jusqu’aux os par la chaux vive.

L’année précédente, toujours en Pologne, dans des trains remplis de juifs, on avait à plusieurs reprises fait passer des gaz asphyxiants. À Bialystok, on avait enfermé d’autres malheureux dans leurs synagogues et on les avait brûlés vifs.