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DIX-SEPTIÈME SIÈCLE.

C’est vous dont j’ay la gloire à mes loix asservie,
Dont j’anime le cœur de ma divine vie,
Dont j’ignore le crime, en vos pleurs abysmé,
Pour savoir seulement que vous m’avez aymé !
Vous, que je n’aymois pas, c’est vous aussi que j’ayme,
Magdelaine ; c’est vous, qui n’estes plus vous-mesme !
Je veux parler de vous avecques moins d’ennuy ;
Non de vous de jadis, mais de vous d’aujourd’huy.
Je ne vous connois plus par le nom d’infidelle ;
Je ne regarde en vous que cette ame nouvelle,
Que cet esprit guéry, que ce cœur réformé,
Dont je suis amoureux, et dont je suis aymé…
L’estat de Magdelaine, à mes pieds arrestée,
Qui passe pour l’effet d’une amour hébestée,
Qu’on nomme négligence, oysiveté, froideur,
Dont Magdelaine mesme, et son frère et sa sœur,
Font tous trois un objet de mespris et de blasme,
C'est le plus haut estat où puisse atteindre une ame.

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Marthe, Marthe, pour vous, vous ne reposez pas ;
Vous estes engagée en un grand embarras,
Et vous vous proposez tant de choses à faire,
Que vous ne pensez pas à la plus nécessaire ;
Vous prenez mille employs, dans cette erreur commun
De ne regarder pas qu’il n’en faut prendre qu’un.
Ce n’est point pour blasmer lesoing qui vous agile ;
Mais c’est pour vous marquer le rang de son mérite.
Marthe a suivy les loix de l’amour agissant,
Et Marie a suivy celles du jouyssant :
L’une veut s’eslever, et l’autre est eslevée ;
L’une marche tousjours, et l’autre est arrivée ;
L’une est dans le silence, et l’autre dans le bruit ;
L’une jouyt du bien, et l’autre le poursuit ;
L’une est dans le combat, et l’autre a la victoire ;
L’une est dedans la grâce, et l’autre dans la gloire ;
L’une a choisi le nombre, et l’autre l’unité ;
L’une a choisy le temps, l’autre l’éternité ;
Et, puisqu’il faut choisir, entre ces deux playdeuses.
Quelle des deux se met soubs des loix plus heureuses,
Quelle est au droit chemin, et quelle est à l’escart,