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LE RETOUR D’APOLLON.


Il parle : autour de lui, des Muses rassurées
La troupe l’environne, attentive à sa voix.
Sur leurs sommets glacés, tels on vit autrefois
Les arbres de l’Hémus s’incliner en silence
Vers l’amant d’Eurydice exhalant sa souffrance.

Ton discours, ô Clio, m’afflige ; plût aux Dieux
Qu’inspirant tes récits le mensonge odieux
Pour la première fois fût sorti de ta bouche !
Des barbares, dis-tu, pleins d’une humeur farouche
Ont osé prodiguer l’injure et le mépris
Aux nourrissons du Pinde, à mes chers favoris !
Leur tranquille bonheur ne doit rien à personne :
De stériles lauriers quand ma main les couronne,
Quand ma voix les conduit à la postérité,
Du prix de leurs travaux ils l’ont bien acheté.
On croit par des mépris rabaisser leur mémoire :
Ah ! quand on leur refuse une si juste gloire,
C’est qu’il est plus aisé de la leur disputer,
Ou bien de l’avilir, que de la mériter.