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ALEXIS DURAND.

cessité que pour lui en avoir une reconnaissance éternelle. »

Enfin Durand revit la France. Il avait vingt-sept ans ; il ne tarda pas à se marier. « Mon travail et celui de ma femme, » dit Durand, « ayant amélioré notre situation, je me hasardai à reparaître le dimanche dans cette forêt, que j’avais autrefois tant parcourue. Je ne pus revoir sans enchantement le mont Ussi, alors que ses rocs et ses vallons sont couverts de muguet, et que le genêt prodigue de toutes parts ses millions de fleurs jaunes, qui semblent un voile d’or étendu sur la verdure, et sur lequel percent çà et là de hauts buissons d’aubépine fleurie, qui embaument l’air. Tous les souvenirs d’enfance, de liberté, d’amour, de poésie, vinrent de nouveau s’emparer de mon cœur ; je ne pus résister à tant d’émotions : je chantai. »

Deux poèmes sont nés de ce nouveau genre de vie, ou plutôt deux poèmes entrevus et ébauchés dans les longues pérégrinations de la jeu-