inflexible, et Durand n’obtint d’autre faveur que d’être embarqué gratis pour Gênes, afin de retourner immédiatement en France. Ô pauvreté !
Ce coup imprévu ne fit pas perdre à Durand sa serénité habituelle. Voici en quels termes il nous raconte, avec son âme de poète, les dernières circonstances de sa plébéienne Odyssée :
« Cinq paoli, environ trois francs, restaient dans mon gousset. Le bâtiment avant relâché à Livourne, j’obtins la permission d’y travailler quatre jours. On remit à la voile. Chemin faisant, par un temps superbe, debout sur le pont du vaisseau, je lisais à haute voix des passages de l'Orlando ; puis, matelots et passagers, à qui ces lectures étaient agréables, me priaient de partager leurs repas. Parfois nous rasions la côte, et j’étais transporté d’admiration à l’aspect des belles forêts qui descendent des Alpes et viennent plonger leurs vastes rameaux jusque dans les vagues agitées.
» À Gênes, mes paoli perdirent moitié ; j’al-