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ALEXIS DURAND.

couvert de poussière, plongea sa tête et ses mains dans le Tibre, qui fut loin de répondre à l’image qu’il s’en était faite. Les monuments imparfaits de Rome, les souvenirs grandioses qu’elle évoque, et la solennelle majesté dont se revêt son existence présente agissaient puissamment sur son imagination et le jetaient dans de longues rêveries, auxquelles nous devrons sans doute un livre intéressant. Mais un fait des plus vulgaires vint l’arracher à cette vie mêlée de travail manuel, de méditation, d’étude et de poésie : la police romaine avait pris ombrage de ses interminables promenades, même aux heures de la plus grande chaleur, et il lui était suffisamment démontré que Durand devait être, au moins, un personnage suspect, puisqu’il n’était entré en Italie qu’à l’aide d’un passe-port français. En vain Durand déployat-il toute son éloquence auprès de notre consul pour prolonger son séjour dans une ville où il n’était arrivé qu’au prix de fatigues et de privations de tout genre, ce fonctionnaire demeura