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ALEXIS DURAND.

Durand se rendit ensuite à Milan ; après y avoir séjourné quelque temps, il se mit en marche pour les Apennins, d’où il aperçut les deux mers ; puis gagna Florence. En visitant la celèbre galerie de cette ville, il lut ces mots écrits sur la porte :

L’ingresso non è lecito agli servidori[1].

La toilette du menuisier-voyageur était plus que modeste ; aussi, à sa seconde visite, un monsieur vint le prier poliment de sortir. En homme qui connaît sa valeur, Durand lui répondit en latin : Quem me esse putas ? non exco[2]. Aussitôt le monsieur lui fit des excuses et lui offrit d’être son guide. Durand remercia en français, tout en refusant, et continua de parcourir les salles comme un artiste de la nature qu’il était.

Enfin, le 10 août, jour mémorable dans ses notes de voyage, Durand, mourant de soif et

  1. Les domestiques n’entrent pas ici.
  2. Pour qui me prenez-vous ? Je ne sors pas.