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ALEXIS DURAND.

gravissait le mont Salève, et, quand il en avait atteint le sommet, il promenait ses regards investigateurs sur les horreurs sublimes que présentent les glaciers du Mont-Blanc et rassérénait son âme en les reportant sur les riantes campagnes situées dans la plaine. Il traversa successivement les Alpes et le Simplon, en proie aux émotions les plus profondes. Il y avait sans doute de la témérité à s’aventurer sur des sentiers étroits, bordés des deux côtés par d’affreux précipices ; à penétrer dans des forêts peuplées de loups et d’aigles affamés ; à couper le fil de torrents impétueux en ayant de l’eau jusqu’à la ceinture ; mais il puisait dans ces solitudes sauvages une énergie surnaturelle qui élevait son cœur au dessus de tous les dangers.

« Qu’avais-je à craindre, » s’écrie Duraud, en parlant de son voyage à travers ces montagnes, « n’étais-je pas sous l’aile immense de la Divinité, et même dans le ciel, puisque je vovais les nuages à mes pieds ? »