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ALEXIS DURAND.

à l’école, Durand attira l’attention sur lui : il composa quelques vers héroïques, pour prix desquels il n’obtint de son capitaine qu’une verte semonce. Mais il n’était pas homme à se décontenancer facilement, et, dans une réponse pleine de fermeté, d’esprit et de convenance, il démontra parfaitement que cette semonce n’était qu’un anachronisme. Le capitaine, homme d’esprit, sans doute, lui fit la meilleure des répliques en le nommant brigadier.

L’abdication de Napoléon, au commencement de 1814, rendit Durand à sa mère, qui faillit mourir de joie et de saisissement en le revoyant. Il avait vingt ans ; le goût de la poésie et des voyages revint le tenter, et, au mois de mai, il partit pour Nantes, ayant un sac plus garni de livres que d’habits, et douze francs dans son gousset.

Jeune, ardent, passionné, il rêvait une nouvelle Odyssée, et, comme première halte de ses courses maritimes, il avait choisi l’Amérique.