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ALEXIS DURAND.

mais déjà son imagination exaltée, peut-être, par les merveilles des arts que Paris avait offertes à ses yeux, le transportait, loin de son pays, à des distances fabuleuses. Il partit pour Anvers, où il passa une partie de l’hiver de 1812. C’est là que, pour la première fois, il jouit du sublime spectacle de la mer ; c’est là sans doute que ses idées s’étendirent, s’élevèrent. Toutefois le moment était venu où les rêves de l’imagination allaient s’envoler dans de terribles réalités : l’armée française venait d’être ensevelie presque tout entière dans les neiges de la Russie ; les hommes d’action devenaient les hommes de la patrie en danger. Durand résolut de paraître parmi eux : il partit, après avoir vaincu la répugnance de sa mère, comme volontaire dans le premier régiment des gardes d’honneur, la ville de Fontainebleau ayant payé son équipement. Ses camarades avaient, la plupart, beaucoup d’argent, tandis que lui n’avait pas un sou ; ils avaient recu une brillante éducation, et lui n’était qu’un ignorant. Là, comme