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HISTOIRE ET DESCRIPTION

supérieure des courtines, devaient faciliter la défense. Et il faut noter ici que cette disposition n’existe que dans la partie des défenses qui était le moins protégée par la nature du terrain et contre laquelle, par conséquent, l’assaillant devait réunir tous les efforts et pouvait organiser une attaque en règle.

Ces précautions eussent été inutiles là où l’ennemi ne pouvait se présenter qu’en petit nombre par suite des escarpements de la colline. Du « côté méridional », l’ennemi, en supposant qu’il se fût emparé de l’enceinte extérieure, pouvait combler une partie des fossés, détruire un pan de mur de l’enceinte extérieure et faire approcher de la muraille intérieure, sur un plan incliné, un de ces « beffrois de charpente » recouverts de peaux fraîches pour les garantir du feu et au moyen desquels on se jetait de plain-pied sur les chemins de ronde supérieurs. On ne pouvait résister à une semblable attaque, qui réussit maintes fois, qu’en réunissant, sur le point attaqué, un nombre de soldats supérieur aux forces des assiégeants. Comment l’aurait-on pu faire sur ces étroits chemins de ronde ? Les hourds brisés, les merlons entamés par les machines de jet, les assiégeants se précipitant sur les chemins de ronde, ne trouvaient devant eux qu’une rangée de défenseurs acculés à un précipice et ne présentant qu’une ligne sans profondeur à cette colonne d’assaut sans cesse renouvelée ! Avec ce supplément de chemin de ronde qu’on pouvait élargir à volonté, il était possible d’opposer à l’assaillant une résistance solide, de le culbuter et de s’emparer même du « beffroi ».

D’un autre côté, les assiégeants cherchaient à mettre le feu à ces hourds de bois qui rendaient le travail des sapeurs impossible ou à les briser à l’aide des pierres lancées par les mangonneaux ou les trébuchets. Et cela ne devait pas être très difficile, surtout lorsque les murailles n’étaient pas fort élevées.