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LA CITÉ DE CARCASSONNE

la porte de Rodez, en B ; les assiégés contre-minent et repoussent les travailleurs des assiégeants.

Cependant, des brèches étaient ouvertes sur divers points et le Vicomte Raymond Trencavel craignant de voir, d’un moment à l’autre, déboucher les troupes de secours envoyées du nord, se décide à tenter un assaut général. Ses gens sont repoussés avec des pertes sensibles, et, quatre jours après, sur la nouvelle de la venue de l’armée royale, il lève le siège, non sans avoir mis le feu aux églises du faubourg, et entre autres à celle des Minimes, en R.

L’armée de Trencavel était restée vingt-quatre jours devant la ville.

Règne de Saint Louis. — Louis IX, attachant une grande importance à la place de Carcassonne qui couvrait cette partie du domaine royal devant l’Aragon, et prétendant ne plus avoir à redouter les conséquences d’un siège qui l’aurait mise entre les mains d’un ennemi sans cesse en éveil, voulut en faire une forteresse inexpugnable.

Il faut ajouter au récit du Sénéchal Guillaume des Ormes un fait rapporté par Guillaume de Puy-Laurens. Dans la nuit du 8 au 9 septembre, les habitants du faubourg de Carcassonne (de la Trivalle ; voir le plan, fig. 1), malgré leur protestation de fidélité à la noblesse tenant pour le Roi, avaient ouvert leurs portes aux soldats de Trencavel qui, dès lors, dirigea de ce faubourg son attaque de gauche contre la Porte Narbonnaise. Saint Louis, sitôt après le siège levé, n’eut pas à détruire le bourg déjà brûlé par le Vicomte Raymond Trencavel ; mais, voulant, d’une part, punir les habitants de leur manque de foi, et, de l’autre, ne plus avoir à redouter un voisinage aussi compromettant pour la Cité, il défendit aux gens du faubourg de Graveillant de rebâtir leurs maisons et fit évacuer le faubourg de la Trivalle. Ces malheureux durent s’exiler.

Louis IX commença immédiatement de grands ouvrages