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LA CITÉ DE CARCASSONNE

de la construction. La plupart des portes et fenêtres des tours du Château, du côté de la cour, sont couronnées par des linteaux en béton. Ces pierres factices ont beaucoup mieux résisté aux agents atmosphériques que les pierres de grès ; elles sont composées d’un mortier parfaitement dur, mêlé de cailloux concassés de la grosseur d’un œuf, et ont dû être façonnées dans des caisses de bois. Après avoir observé en place quelques-uns de ces linteaux, mon attention ayant été éveillée, j’ai retrouvé une assez grande quantité de ces blocs de béton dans les restaurations extérieures des murailles des Visigoths entreprises au xiie siècle. Il semblerait que les constructeurs de cette dernière époque, lorsqu’ils avaient besoin de matériaux résistants d’une grande dimension relative, aient employé ce procédé qui leur a parfaitement réussi ; car aucun de ces linteaux ne s’est brisé, comme il arriva fréquemment aux linteaux de pierre.

Intérieur du Château. — Après avoir franchi la Porte du Château, on entre dans une cour spacieuse, entourée aujourd’hui de constructions modernes qui ont été accolées aux courtines et tours. Ces constructions ont été élevées sur l’emplacement de portiques datant du xiiie siècle et dont on retrouve toutes les amorces. Des traces d’incendie sont apparentes sur les parements des constructions du xiie siècle, et font supposer que ces portiques ont remplacé des constructions de bois gar-