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LA CITÉ DE CARCASSONNE.

quante ans environ pour bâtir une usine le long de l’Aude. Cette destruction est à jamais regrettable, car, au dire de ceux qui ont vu ce bel ouvrage, il produisait un grand effet et était élevé en beaux matériaux. Je n’ai pu retrouver, en fouillant assez profondément, que ses fondations et ses premières assises, ce qui permettait seulement de reconnaître exactement et sa place et son diamètre.

La barbacane avait été élevée très-probablement sous saint Louis, comme la plupart des adjonctions et restaurations faites au château. Elle était percée de deux rangs de meurtrières et était couronnée par un chemin de ronde crénelé avec hourds. Elle n’était point couverte, sa grande étendue ne le permettant guère, mais devait posséder à l’intérieur des galeries de bois facilitant l’accès aux meurtrières, et formant un abri pour les défenseurs.

La porte était percée dans l’angle rentrant, côté du nord, sur le flanc de la grande caponnière qui monte à la cité (fig. 14) en B. Cette caponnière ou montée, fortifiée des deux côtés, est assez étroite à sa base près de la barbacane. Elle s’élargit en E jusqu’au point où, formant un coude, elle se dirige perpendiculairement au front du château, afin d’être enfilée par les assiégés postés sur les chemins de ronde de la double enceinte ou dans le château même ; puis, ayant atteint le pied de l’enceinte, la caponnière se détourne en E’ à droite, longe cette enceinte du nord au sud, pour atteindre une première porte dont il ne reste que les pieds-droits. Ces rampes E sont crénelées à droite et à gauche. Leur montée est coupée par des parapets chevauchés. En F était un mur de garde en avant de la première porte ; ayant franchi cette première porte, on devait longer un deuxième mur de garde, passer par une barrière, se détourner brusquement à