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HISTORIQUE.

Quillan, Mont-Louis, Livia, Puicerda ou Campredon. L’assiette était donc parfaitement choisie et elle avait été déjà prise par les Romains qui, avant les Visigoths, voulaient se ménager tous les passages de la Narbonnaise en Espagne.

Mais les Romains trouvaient par Narbonne une route plus courte et plus facile pour entrer en Espagne et ils n’avaient fait de Carcassonne qu’une citadelle, qu’un castellum, tandis que les Visigoths, s’établissant dans le pays après de longs efforts, durent préférer un lieu défendu déjà par la nature, situé au centre de leurs possessions de ce côté-ci des Pyrénées, à une ville comme Narbonne, assise en pays plat, difficile à défendre et à garder. Les événements prouvèrent qu’ils ne s’étaient point trompés ; en effet, Carcassonne fut leur dernier refuge lorsqu’à leur tour ils furent en guerre avec les Francs et les Bourguignons.

En 508, Clovis mit le siège devant Carcassonne et fut obligé de lever son camp sans avoir pu s’emparer de la ville.

En 588, la cité ouvrit ses portes à Austrovalde, duc de Toulouse, pour le roi Gontran ; mais peu après, l’armée française ayant été défaite par Claude, duc de Lusitanie, Carcassonne rentra au pouvoir de Reccarède, roi des Visigoths.

Ce fut en 713 que finit ce royaume ; les Maures d’Espagne[1] devinrent alors possesseurs de la Septimanie. On ne peut se livrer qu’à de vagues conjectures sur ce qu’il advint de Carcassonne pendant quatre siècles ; entre la domination des Visigoths et le commencement du xiie siècle, on ne trouve pas de traces appréciables de constructions dans la cité, non plus que sur ses remparts. Mais, à dater de la fin du

  1. Sous le commandement de Moussa ben-Nossaïr.