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LA CITÉ DE CARCASSONNE.

Les trous des solives dans les crénelages du château, étant plus petits que ceux des constructions datant du xiiie siècle, expliquent ce surcroît de précautions, destiné à empêcher les bois en bascule de fléchir à leur extrémité. On observera encore que les créneaux du château sont hauts (2 mètres), c’est que le plancher des hourds était posé à la base même de ces créneaux, au lieu d’être, comme au xiiie siècle, posé à 0m,30 au-dessus du sol du chemin de ronde. Il fallait donc passer par ces créneaux comme par autant de portes et leur donner une hauteur suffisante pour que les défenseurs pussent se tenir debout dans les galeries des hourds.

Nous ne devons pas passer sous silence un fait très-curieux touchant l’histoire de la construction. La plupart des portes et fenêtres des tours du château, du côté de la cour, sont couronnées par des linteaux en béton. Ces pierres factices ont beaucoup mieux résisté aux agents atmosphériques que les pierres de grès ; elles sont composées d’un mortier parfaitement dur, mêlé de cailloux concassés de la grosseur d’un œuf, et ont dû être façonnées dans des caisses de bois. Après avoir observé en place quelques-uns de ces linteaux, mon attention ayant été éveillée, j’ai retrouvé une assez grande quantité de ces blocs de béton dans les restaurations extérieures des murailles des Visigoths entreprises au xiie siècle. Il semblerait que les constructeurs de cette dernière époque, lorsqu’ils avaient besoin de matériaux résistants d’une grande dimension relative, aient employé ce procédé qui leur a par-

    ville ; un potelet D, entré de force par derrière, roidissait tout le système. Là-dessus, posant des plats-bords, il était facile de monter les doubles poteaux E entre lesquels on glissait les madriers servant de garde antérieure, puis on assujettissait la toiture qui couvrait le hourd et le chemin de ronde, afin de mettre les défenseurs à l’abri des projectiles lancés à toute volée. Des entailles G, ménagées entre les madriers, permettaient de viser.