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LA CITÉ DE CARCASSONNE.

sont pas toujours de niveau, mais suivent la pente du terrain extérieur, de manière à conserver sur tous les points de l’enceinte une hauteur d’escarpe uniforme, ainsi que cela se pratique encore de nos jours.

C’était une règle établie par l’expérience, et, passé une certaine hauteur, l’échelade devait être regardée comme impossible ; aussi maintenait-on un minimum d’élévation partout. Toutefois les escarpes de l’enceinte intérieure sont beaucoup plus élevées que celles de l’enceinte extérieure. L’enceinte extérieure était établie de manière à battre l’assaillant à grande distance et à l’empêcher d’approcher ; tandis que pour l’enceinte intérieure, tout est combiné en vue de combattre un ennemi très-rapproché. Il n’est pas besoin d’insister sur une disposition indiquée par le simple bon sens.

Dans l’enceinte du cloître Saint-Nazaire, de larges escaliers donnent accès aux remparts. Mais il est bon d’observer que le cloître et l’évêché étaient déjà renfermés dans une enceinte, et que, par conséquent, les habitants de la ville ne pouvaient monter de la voie publique sur les courtines. Partout où il existe des escaliers montant aux chemins de ronde directement, ces escaliers sont toujours, ou enclavés dans d’anciens logis dépendant des murailles et fortifiés, ou compris dans des enceintes spéciales ; tels sont les escaliers qui montaient à la courtine à côté de la tour no 44, le long de la tour no 47 et près de la chapelle Saint-Sernin (tour 53). Le plus souvent, ce sont les escaliers des tours qui, au moyen de petites portes extérieures bien ferrées, permettent l’accès sur les chemins de ronde. La garnison pouvait donc, si bon lui semblait, ainsi que nous l’avons dit plus haut, s’isoler et tenir les citoyens en respect pendant qu’elle repoussait les assiégeants. Elle seule circulait entre les deux enceintes, dans