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LA CITÉ DE CARCASSONNE.

pousser les verrous et de donner un tour de clef à la serrure. L’examen attentif de ces défenses fait ressortir le soin apporté par les ingénieurs de ce temps contre les surprises. Toutes sortes de précautions ont été prises pour arrêter l’ennemi et l’embarrasser à chaque pas par des dispositions imprévues. Évidemment, un siège à cette époque n’était réellement sérieux pour l’assiégé, comme pour l’assaillant, que quand on en était venu à se prendre, pour ainsi dire, corps à corps. Une garnison aguerrie pouvait lutter avec des chances de succès jusque dans ses dernières défenses. L’ennemi entrait dans la ville par escalade ou par une brèche, sans que pour cela la garnison se rendît ; car alors, celle-ci renfermée dans les tours qui, je le répète, sont autant de réduits indépendants, pouvait se défendre encore ; il fallait forcer des portes barricadées. Prenait-on le rez-de-chaussée d’une tour, les étages supérieurs conservaient les moyens de reprendre l’offensive et d’écraser l’ennemi. On voit que tout était calculé pour une lutte possible pied à pied. Les escaliers à vis étaient facilement barricadés de manière à rendre vains les efforts de l’assiégeant pour arriver aux étages supérieurs.

Les bourgeois d’une place eussent-ils voulu capituler, que la garnison se gardait contre eux et leur interdisait l’accès des tours et des courtines. C’est un système de défiance adopté envers et contre tous.

Les machines de jet, les engins dont les assaillants disposaient à cette époque pour battre du dehors des murailles, comme celles de la cité de Carcassonne, ne pouvaient produire qu’un effet très-médiocre, vu la solidité des ouvrages et l’épaisseur des merlons ; car l’artillerie à feu seule pourrait les entamer. Restaient la sape, la mine, le bélier et tous les engins qui obligeaient l’assaillant à se porter au pied même