Page:Viollet-le-Duc - La Cité de Carcassonne, 1888.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
LA CITÉ DE CARCASSONNE.

D’un autre côté, les assiégeants cherchaient à mettre le feu à ces hourds de bois qui rendaient le travail des sapeurs impossible ou à les briser à l’aide des pierres lancées par les mangonneaux ou les trébuchets. Et cela ne devait pas être très-difficile, surtout lorsque les murailles n’étaient pas fort élevées. Aussi, dès la fin du xiiie siècle, on se mit à garnir les murailles et tours de machicoulis de pierre portés sur des consoles, ainsi qu’on peut le voir à Beaucaire, à Avignon et dans tous les châteaux forts ou enceintes des xive et xve siècles[1].

À Carcassonne, le mâchicoulis de pierre n’apparaît nulle part, et partout, au contraire, on trouve les trous des hourds de bois dans les fortifications du château, qui datent du commencement du xiie siècle, aussi bien que dans les ouvrages de Louis IX et de Philippe le Hardi.

Au xiiie siècle, la montagne Noire et les rampes des Pyrénées étaient couvertes de forêts ; on a donc pu faire grand usage de ces matériaux si communs alors dans les environs de Carcassonne.

Les couronnements des deux enceintes de la cité, courtines et tours, sont tous percés de ces trous carrés traversant à distances égales le pied des parapets au niveau des chemins de ronde. Les étages supérieurs des tours et de larges hangars établis en dedans des courtines, comme nous le dirons tout à l’heure, servaient à approvisionner ces bois qui devaient toujours être disponibles pour mettre la ville en état de défense.

En temps ordinaire les couronnements de pierre pou-

  1. Au château de Coucy, bâti au commencement du xiiie siècle, on voit naître les machicoulis de pierre destinés à remplacer les hourds de bois. Là, ce sont déjà de grandes consoles de pierre qui portaient le hourd de bois.