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HISTORIQUE.

qui leur furent données depuis par Louis IX et Philippe le Hardi. Les restes encore très-apparents de l’enceinte des Visigoths, réparée au xiie siècle, et les fouilles entreprises en ces derniers temps, permettent de tracer exactement les défenses existant au moment où le vicomte Raymond de Trincavel prétendit les forcer.

Nous donnons ci-après, figure 2, le plan de ces défenses, avec les faubourgs y attenant, les barbacanes et le cours de l’Aude.

L’armée de Trincavel investit la place le 17 septembre 1240, et s’empare du faubourg de Graveillant, qui est aussitôt repris par les assiégés. Ce faubourg, dit le Rapport, est ante portam Tolosæ. Or la porte de Toulouse n’est autre que la porte dite de l’Aude aujourd’hui, laquelle est une construction romane percée dans un mur visigoth, et le faubourg de Graveillant ne peut être, par conséquent, que le faubourg dit de la Barbacane. La suite du récit fait voir que cette première donnée est exacte.

Les assiégeants venaient de Limoux, c’est-à-dire du midi, ils n’avaient pas besoin de passer l’Aude devant Carcassonne pour investir la place. Un pont de pierre existait sur l’Aude. Ce pont est encore entier aujourd’hui : c’est le vieux pont dont la construction date, en partie, du xiie siècle. Il ne fut que réparé et muni d’une tête de pont, sous saint Louis et sous Philippe le Hardi. Il est indiqué en P sur notre figure 2.

Raymond de Trincavel n’ignorait pas que les assiégés attendaient des secours qui ne pouvaient se jeter dans la cité qu’en traversant l’Aude, puisqu’ils devaient se présenter par le nord-ouest. Aussi le vicomte s’empara du pont, et, poursuivant son attaque le long de la rive droite du fleuve vers