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[ ARMURE ]
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derrière sur des chausses rouges. Le gambison d’étoffe est pourpre clair. La lance est armée d’un pennon losangé attaché à cinq clous :


« Il vest l’auberc et le vert heaume lace
« Et ceint l’espée par les renges de palle.
« L’en li amaine l’auferrant en la place :
« Li cuens i monte si que estrier n’i baille.
« A son col pent une vermeille targe,
« Entre ses poinz un roit espié qui taille,
« A. V. clos d’or une eusaigne de paile[1]. »


L’adoption du haubert de mailles ou haubert jaseran :


« Trestut le cors et l’osbere jazerene[2].... »
« El dos li vestent une haubere jazerant[3]... »


qu’on appelait aussi simplement un jaseran :


« Car encor ai entier mon jazerant[4]... »


ne fit pas cependant disparaître entièrement la broigne. Peut-être convient-il d’établir clairement la différence entre ces deux vêtements de guerre. La broigne est faite de peau ou de toile, revêtue de lames, d’anneaux ou de chaînettes de fer ou même de simples rivets. Le haubert est la cotte composée de mailles, lesquelles, entrelacées, forment un tissu de fer, souple, indépendant du vêtement de dessous sur lequel il est posé. Or on voit la broigne, c’est-à-dire le vêtement de peau ou de toile en double, revêtu de maillons cousus, persister très-tard. Il paraîtrait même que vers le milieu du xiiie siècle, ce vête-

  1. Guillaume d'Orange, Li coronemens Looys, vers 409 et suiv.
  2. Chanson de Rolan, stance 123.
  3. Girard de Vienne, vers 2086.
  4. Agolant, vers 886.