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[ ARMET ]
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nisme permettait de voir et de respirer à l’aise ; il est d’ailleurs beaucoup plus léger que le bacinet. Comme habillement de tête, les armets les plus anciens, c’est-à-dire ceux qui datent du milieu du xve siècle, sont certainement les mieux disposés et les mieux exécutés. Très-simples, ils prennent exactement la forme de la tête et du cou, et peuvent être portés sans fatigue ; ils sont toujours dépourvus d’ornements.

Ce n’est qu’à la fin du xve siècle que l’on commence à les couvrir de gravures ou de damasquinures. L’armet de guerre des milices du xve siècle fait partie de l’armure blanche, c’est-à-dire unie et polie, mais non brunie. L’un de ces armets les plus anciens appartient à une belle armure de 1440 environ, déposée dans la salle d’armes du château de Pierrefonds. Il est, comme toute cette armure d’acier , très-léger et admirablement exécuté. Au tymbre est rivé le couvre-nuque, s’étendant par une côtelure jusqu’au sommet de la tête. La vue et le nasal se lèvent séparément en tournant sur deux pivots rivés aux côtés du tymbre. La ventaille se développe latéralement. Le gorgerin, très-bien articulé, permet à la tête de faire tous les mouvements. C’est sur ce gorgerin que se posent le corselet, la dossière, et que s’attachent les spallières. La figure 1 donne le profil de cette belle pièce ; la figure 1 bis, sa face postérieure. Le tymbre A et le couvre-nuque a sont de deux pièces fortement rivées, le couvre-nuque formant crête. La vue B, pivotant sur les deux boutons latéraux, se relève indépendamment du nasal, qui peut aussi se relever avec elle. La ventaille D s’ouvre en enlevant la fiche b de l’une des deux charnières latérales. On voit en F les arrêts mobiles auxquels s’attachent les spallières[1]. Des détails sont nécessaires pour expliquer les diverses pièces de cet armet. Ils sont présentés figure 2. En A, on voit la vue relevée, indépendamment du nasal, et le ressort qui le maintient fermé sur celui-ci. En B, le nasal relevé en saisissant le bouton a qui agit sur le ressort à mentonnet entrant dans la gâchette intérieure de la ventaille. En C, le détail de la vue, montrant comme sont abritées les deux ouvertures. En D, le tymbre et l’attache du couvre-nuque dont un détail est plus clairement exprimé en d. En F, le détail des arrêts des spallières. En G, le profil du gorgerin dans la rainure supérieure duquel vient s’engager l’orle inférieur de l’armet. Les lames g sont maintenues entre elles par des bandes de cuir h rivées. En I, la partie antérieure de la ventaille.

  1. Voyez l’article Armure.