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En effet, la guige se composait de deux bouts dont l’un était muni d’une boucle, afin de pouvoir serrer plus ou moins l’écu au corps, ou même de le laisser pendre au-dessous de la ceinture. Les guiges, comme l’indiquent les vers précédents, étaient souvent enrichies d’orfrois, c’est-à-dire de pièces d’orfèvrerie ou de passementeries d’or :

« Rompent les guiges de paile de Oriant[1]. »

Les belles statues des preux, placées à l’extérieur des tours du château de Pierrefonds, portent la plupart des guiges très-riches (fig. 4)[2]. Ce personnage est le roi Artus, habillé à la mode des dernières années du xive siècle ; sur son armure est un parement à ses armes. La guige est enrichie de perlés et de plaques d’orfèvrerie.

Les tresses qui attachaient les targes de joutes étaient encore appelées guiges. Ces tresses doubles passaient par deux trous percés vers le mileu de la targe et étaient nouées en dehors. On pouvait ainsi appuyer plus ou moins l’écu contre le bras gauche. (Voy. Joute, ve partie.)


GUISARME, s. f (gisarme, giserme et zizarme). Arme d’hast, composée d’un tranchant long, recourbé, et d’une pointe droite, d’estoc.

Il est question des guisarmes dès le xiie siècle :

« Li soldeier les esgarda,
Vit li gisarmes, si dota[3]. »

« Par la crieme[4] des dous gisarmes
L’escu leva par les enarmes[5]. »

Ce sont des cavaliers qui se servent ici de cette arme.

Dans le roman de Gui de Nanteuil, Gui, à cheval, se défend avec une guisarme :

« Gui hauche la guisarme, qui fu fort et membru ;
Parmi le gros du cuer fu Florieut feru[6]. »

  1. Otinel, vers 431 (xiiie siècle).
  2. 1395.
  3. Roman de Rou, vers 13440.
  4. « La crainte. »
  5. Roman de Rou, vers 13450.
  6. Vers 640 et suiv. (xiiie siècle).