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[ GARDE-BRAS ]
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telets appelés mitons, dont les doigts n’étaient point éparés, qui se pliaient en trois pièces, à partir de la couverture du dos de la main, mais dont le pouce était articulé (fig. 11[1]). Souvent le gantelet de la main droite, comme dans cet exemple, était disposé de telle sorte que la plate d’extrémité des quatre doigts était percée d’un trou a (voy. en A) qui entrait dans un goujon loqueteau b (voy. en B). Le gantelet ainsi fermé, il n’était pas possible de lâcher la poignée de l’épée. Celle-ci était, pour ainsi dire, rivée à la main.

Avec ces gantelets de main droite, on portait à la main gauche un bras de fer (fig. 12[2]), qui servait à maintenir les rênes. Le poignet était assez large pour laisser passer la main, le brassard d’avant-bras ne s’ouvrant pas. Les quatre doigts étaient articulés ensemble ; la main et le poignet dépassaient la pointe de l’écu (voyez Écu, fig. 11 et 13), et devaient par conséquent être solidement armés.

Le gantelet de la fin du xve siècle est fabriqué sans modifications importantes, ainsi que le montrent ces derniers exemples. Les plates de ces gantelets sont toujours bien aciérées, assez épaisses et rivées avec beaucoup de soin.

Les bons gantelets du xve siècle, à doigts détachés, sont très-souples à la main et laissent aux mouvements une parfaite liberté.

Quant au gagne-pain, l’auteur anonyme de l’habillement des gens de guerre, en 1445 environ[3], le décrit ainsi : « Item, à la main droite y a ung petit gantellet lequel se appelle gaignepain ; et depuis le gantellet jusques oultre le code, en lieu de avant braz, y a une armeure qui se appelle espaulle de mouton, laquelle est faczonnée large en droit le code, et se espanonist aval, et endroit la ploieure du braz se revient ploier par faczon que, quant len a mis la lance en larrest, laditte ploieure de laditte espaule de mouton couvre depuis la ploieure du braz ung bon doy en hault. »

La figure 11 donne un gagne-pain, moins l’épaule de mouton, qui est remplacée par un large canon exigeant une cubitière. Mais nous revenons sur ces détails à l’article Garde-bras.

GARDE BRAS, s. m. Armure spéciale de l’avant-bras et du coude, à droite pour le combat à la lance, à gauche pour tenir lieu au besoin de l’écu ou de la targe. Le garde-bras n’est pas la cubitière de l'armure

  1. Collect. de M. W. H. Riggs.
  2. Même collection. Ce bras de fer n’appartient pas au gantelet de la main droite donne la figure 11, mais il date de la même époque.
  3. Du costume militaire des Français en 1446, publ. par René de Betteval.