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même fabrication. Mais ces fragiles projectiles sont rares dans les collections. Toutefois en rencontre-t-on qui datent du xve siècle. Telle est la flèche que nous donnons ici et qui provient de l’arsenal des chevaliers de Rhodes (fig. 3[1]). En A, le fer est présenté grandeur d’exécution de face, et en B,de profil, avec la soie pincée dans le bois. En C, est tracée la section du bois au milieu du fût ; en D, près du fer, et en E au-dessus de l’encoche. L’entaille du bois qui reçoit la soie du fer est maintenue par un fil de coton (voy. en F) sur lequel est collé soigneusement un très-léger vélin de couleur sombre. En G, est donnée grandeur d’exécution l’extrémité inférieure du fût, avec l’encoche et l’empennage simplement collés. Au-dessus de l’encoche est enroulé un fil de coton bien collé.

Il y a trois pennes collées à ce fût, suivant les directions tracées en a, de telle sorte que ces pennes ne pussent faire dévier la flèche lorsqu’elle était lâchée, en frottant contre le bois de l’arc b.

Le fût de ces flèches, qui ont 0m,74 de longueur, compris le fer, est de bois de mélèze, et fabriqué avec un soin extrême. Au-dessus de l’empennage le fût est peint et doré, ainsi qu’au-dessus de l’encoche. Le manuscrit sur le costume militaire français de 1446[2] dit que la flèche française de son temps a quatre palmes ou quatre palmes et demie de longueur, ce qui donnerait environ 0m,92 à 1m,02. Cette flèche est moins longue, mais nous croyons qu’elle date du commencement du xve siècle, et en effet, vers le milieu de ce siècle, l’arc français fut fabriqué sur des dimensions plus grandes que précédemment, d’où il s’ensuivait qu’on devait donner plus de longueur à la flèche. Toutefois les flèches indiquées dans les vignettes du beau manuscrit de Froissart[3] qui date du milieu du xve siècle, ne paraissent pas avoir plus de 0m,75 de longueur.


FRONDE, s. f. (gibet, treget). Au xiiie siècle, le frondeur était généralement désigné par le mot eslingur[4] : « E li eslingur avirunerent la maistre cited e grant partie en destruistrent[5]. »

« Le chastel voldrad aveir par Flamens e archiers,
Par bones perieres, par ses enginz mult fiers
E par ses esliugurs, par ses arbelastiers[6]. »

  1. Musée d'artillerie de Paris ; cabinet de l’auteur. Ces flèches ont été données par M. Salzmann.
  2. Publié par M. R. de Belleval.
  3. Biblioth. nation.
  4. Chron. des ducs de Normandie, Angl. slinger.
  5. Li quarz Livre des Reis, p. 354.
  6. Chron. de Jordan Fantosme, st. cxx.
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