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[ ÉPERONS ]
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cou-de-pied, et en B sa boucle, ou plutôt son passant avec ardillon. C’est vers ce temps que l’on commença de poser les tiges d’éperons directement rivées à la talonnière de fer des grèves, ce qui était assez naturel (fig. 11). On s’évitait ainsi la peine de faire chausser les éperons. Ils tenaient à l’armure même, et leur tige devient fort longue, lorsque, vers la seconde moitié du xve siècle, les chevaux furent armés de plates de fer, comme les cavaliers : car alors il fallait que l’homme d’armes pût toucher les flancs de sa monture dessous la saillie des flançois (voy. Harnais). Il arrivait aussi que des éperons étaient rivés à la talonnière même des solerets, lorsque celle-ci était indépendante de la molletière de fer, ainsi qu’on peut le voir dans quelques belles armures du milieu du xive siècle. Merlin de Cordebeuf[1] donne sur les éperons l’instruction suivante :

« Item, et ne portera len gaires les espérons plus longs que de quatre doiz ou cinq doiz (10 à 13 centimètres), affin quilz ne nuysent point pour combattre à pié. Et tous les aultres chevaliers et escuiers de ceste queste pourront porter esperons dorez. »

  1. L'ordonnance et matièredes chevaliers errans (milieu du xve siècle). Voyez : Du costume militaire des Français en 1446, par M. René de Belleval.