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[ ÉPERON ]
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talon avaient une raison d’être tant qu’on portait des chausses de mailles ou de peau ; ils devenaient inutiles et gênants même, du moment que les jambes étaient entièrement armées de plates aussi bien sur les tibias que sur les mollets, et que la molletière de fer descendait jusqu’à la semelle. À la fin du xive siècle encore, la partie postérieure des grèves ne couvrait pas le talon, mais s’arrêtait à la hauteur de la cheville. Les solerets de fer étaient indépendants des grèves, et les branches des éperons couvraient le joint entre le bas des molletières et le talon des solerets (fig. 8[1]) (voy. Grèves et Solerets). L’appendice recourbé des branches d’éperons était encore motivé dans ce cas ; il empêchait ces branches de pénétrer dans la jonction et de fatiguer les tendons. Mais quand les molletières de fer des grèves descendirent d’une pièce jusqu’à la semelle, il n’était plus nécessaire de donner aux branches des éperons la cambrure destinée à contourner l’extrémité des grèves enveloppant les chevilles, ainsi que le montrent les exemples précédents. Ces branches pouvaient être courbées sur un plan droit. On peut donc considérer les éperons à branches très -cambrées comme appartenant au xive siècle, parce que la forme de ces branches était motivée par la coupe de l’extrémité inférieure des grèves de cette époque. Quant

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  1. De la statue de Philippe d’Artois, comte d'Eu, mort en 1397, église abbat. d'Eu.