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[ ARBALÈTE ]
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crochet a est fixé à l’extrémité de l’arbrier, sous l’arc d’acier ; cette arbalète n’a que 0m,75 de longueur.

Occupons-nous maintenant des arbalètes à pied-de-biche. Celles que possèdent nos musées, et qui ne datent guère que de la fin du XVe siècle, plus souvent du xvie, sont plus légères que les arbalètes à tour : c’est qu’en effet ces arbalètes étaient une arme de cavalier ; généralement elles sont dépourvues de tout appendice à l’extrémité antérieure de l’arbrier. Cependant il en est qui ont une sorte de petit étrier, ou plutôt de boucle qui servait à les suspendre ou à les fixer à quelque crochet en avant de la selle, en contre-bas, pour faciliter le jeu du pied-de-biche. L’exemple que nous donnons ici (fig. 7) est dans ce dernier cas[1]. Outre la boucle antérieure a, l’arbrier porte un crochet b qui facilitait l’attache de l’arme aux côtés de la selle et l’empêchait de ballotter. Le jeu et la détente de la noix sont semblables à ce que nous avons déjà vu, si ce n’est que la gâchette ne consiste qu’en une petite tige g, qui se couche au repos et qui agit par un renvoi sur la détente de la noix. Le pied-de-biche tracé sur notre figure se compose de deux crochets rendus solidaires par une traverse et de deux fers à contre-courbe réunis par une forte entretoise en c, contre laquelle vient buter l’embase du levier d, lorsqu’on appuie sur celui-ci. Cette pesée fait glisser les courbes e sous les arrêts f jusqu’à ce que les crochets aient amené la corde dans l’encoche de la noix, ainsi que l’indique le tracé géométral h. Par suite de ce glissement, le pivot p étant arrivé en p’, l’arc est bandé. Alors l’arbalétrier enlève le pied-de-biche et l’attache à sa ceinture par le crochet n. Ce moyen de tirage par la corde était beaucoup plus expéditif que n’était celui de la moufle ; mais cette arme, étant moins forte, avait moins de portée. L’arbrier de cette arbalète n’a que 0m,61 de longueur, tandis que ceux des arbalètes à tour ont 0m,95 ; le pied-de-biche, de l’agrafe à l’extrémité des fers courbes, mesure 0m,47 et l’arc 0m,41 ; l’épaisseur de cet arc d’acier est, au sommet, de 0m,01 sur une largeur de 0m,026, et aux deux bouts de 0m,005 sur 0m,016. Cette arme étant relativement légère, il n’était pas besoin, pour viser, de passer le bout de l’arbrier sous l’aisselle, ni d’assurer le coude du bras gauche sur le flanc, comme pour les grandes arbalètes à tour ; il suffisait de saisir l’arbrier, sous la noix, avec la main gauche, d’empoigner avec la droite le bois en A, et d’agir sur la gâchette g avec l’index. À cheval, on ne pouvait guère tirer qu’au

  1. Du musée d’artillerie de Paris.