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reau suspendu au côté. C’est qu’en effet le connétable, ou le personnage qui portait l’épée devant le suzerain devait la tenir droite, la pointe vers le ciel.

Cette arme de parement date du règne de Louis XII. L’épée était en effet, pendant le moyen âge, considérée comme un symbole de souveraineté. On investissait quelqu’un par le bâton, la lance, l’épée : « Par la pointe de cette épée de douze livres pesant « d’or, je te rends le royaume que tu m’as volontairement donné[1]. » Dans les assemblées solennelles présidées par le suzerain, l’épée nue était posée sur une crédence au milieu du parquet.

Quand un ennemi était vaincu en combat singulier, et que le vainqueur voulait rendre hommage à sa bravoure, à sa loyauté, il posait sa propre épée sur le cadavre. Il arrivait même que cette coutume était observée à l’égard d’un ennemi vaincu, considéré comme traître. C’était un hommage qu’on rendait alors à la mort, une sorte d’oubli de l’injure [2].

Les armes à feu de main enlevèrent à l’épée la part importante qu’elle tenait dans les combats. Elle cessa d’être une arme de guerre dans l’infanterie dès le XVIe siècle, et fut remplacée dans la cavalerie par le sabre et la latte. En face des armes à feu modernes, ces dernières armes n’ont même plus l’importance qu’avait autrefois l’épée dans la gendarmerie.

ÉPERONS, s. m. (espourons, esporons, espérons). Les éperons étaient en usage dès l’antiquité, chez les populations de l’Italie. Le musée de Naples possède quelques éperons de fer qui datent de la fin de l’époque impériale (fig. 1). Les cavaliers du jeu d’échecs dit

  1. Dudo, De moribuss Normannorum.
  2. Gaydon, duel entre Gaydon et Thiébaut, vers 1808 et suiv.