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[ ÉPÉE ]
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ceinture et la guaine d’icelle espée couvertes de velours azuré, semé de fleurs de liz d’or, la boucle, le mordant, et la bouterolle de mesmes[1]. »

Il est souvent question, au xiiie siècle, d’épées néellées (noelées), notamment quand il est parlé des armes des Sarrasins, et les chrétiens paraissent les estimer fort, se vantent d’en posséder, de les avoir prises aux Turcs. Les lames anciennes et reconnues excellentes étaient remontées plusieurs fois à la mode du temps. C’est pourquoi, dans les collections publiques ou privées, on trouve souvent des épées dont la monture ne correspond pas à la date de l’alemelle.

Les poignées des épées du xiiie siècle ne convenaient plus aux habitudes de combattre des hommes d’armes de la fin du xive et du commencement du xve ; puis les trouvait-on trop simples et lourdes. On voulait alors des quillons allongés, des prises plus déliées et, enfin plus d’élégance et de richesse dans la monture. Il y avait du reste, alors, plus de variétés dans ces montures qu’aux temps antérieurs. Les quillons étaient épais aux deux bouts, ou fins et recourbés vers la lame, forgés d’ailleurs avec beaucoup de soin, quelquefois entrés à chaud dans la soie et soudés avec elle ; les prises étaient garnies de fil de chanvre ou de métal (laiton, fer, argent et or) ou plus souvent de peau.

Voici (fig. 18[2]) une épée dont la poignée est curieusement fabriquée. La prise est revêtue de peau, déchiquetée au pommeau et sur la garde, de manière à former des houppes. Cette garniture de peau est bridée par une fine lanière croisée, de même étoffe, qui empêche la main de glisser et consolide la garniture. Les quillons sont à section carrée et lourds. En A, est donnée la section du fourreau. On remarquera le baudrier enroulé autour de ce fourreau. Le musée d’artillerie possède deux épées du temps de Charles vii bien caractérisées, et qui peuvent être considérées comme des types des armes de main de cette époque.

La figure 19 donne le tracé de l’une d’elles. La lame est fine et rectangulaire au talon (voy. la section B). Les quillons de laiton sont recourbés vers la lame. La poignée, revêtue de vélin, est assez longue pour être prise à deux mains. Sur les faces du pommeau ovale, de laiton, sont poinçonnés ces trois mots : le men amis. En A est figuré le pommeau, moitié d’exécution ; en B, la section de la lame, et en C le bout d’un des quillons, grandeur d’exécution.

  1. Alain Chartier.
  2. Statue de saint Paul, musée de Toulouse (commencement du xve siècle).