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[ ÉPÉE ]
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Déjà au xiie siècle les peintures, sans être des armoiries régulières, servaient de signes de reconnaissance, ainsi que l’indique ce passage du Roman de Rou :

« Mult voïssiez par li campaignes
Mouver conreis è chevetaignes ;
Nï a riche home ne Baron,
Ki n’ait lez li son gonfanon,
U gonfanon u altre enseigne
U sa mesnie se restreigne,
Congnoissances u entre-sainz,
De pusors guises escuz painz[1] »

Les chevaliers pendaient leurs écus sur leurs tentes, et aussi, lorsqu’ils logeaient dans une ville, aux fenêtres de l’hôtellerie :

« La cité on leissié, paveillonz e treiz tendent ;
As forches des herberges, escuz e halmes pendent[2]. »

Dans les salles des châteaux, en temps de paix, on suspendait aux murs les écus et les heaumes.


ENSEIGNE, s. f. — Voyez Bannière, Gonfanon, Pennon.


ÉPÉE, s. f. (branc). Arme offensive de main, sur l’antiquité de laquelle il n’est pas besoin d’insister.

Il est, avant l’époque dont nous nous occupons spécialement, diverses formes d’épées. Les unes sont à deux tranchants, d’autres à un seul. Certaines lames sont plates, légèrement convexes sur la section transversale ; quelques-unes portent des gravures longitudinales, un ou plusieurs nerfs saillants. Les tranchants sont rectilignes ou courbés, concaves ou convexes, ou parallèles jusque près de la pointe. Il est de même une grande variété dans la forme des poignées.

Nous ne nous occuperons que très-accessoirement, et pour indiquer au besoin certaines origines, des épées antérieures à l’époque carlovingienne.

Pendant le moyen âge, les mots branc et épée sont employés pour désigner cette arme qui, avec la lance, composait l’armement offensif principal des gens d’armes. La lame était l’alemelle ou la lumelle ; la poignée, le helz, l’endeure, l’enheudeure, le heut ; le pom-

  1. Roman de Rou, vers 9080 et suiv.
  2. Ibid, vers 4094.