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Vers 1300, on porta pour monter à cheval, par-dessus la broigne ou le haubert, des cottes longues fendues seulement devant et derrière ; derrière jusqu’à la hauteur des reins, et devant jusqu’à l’entre-cuisses. Ainsi les deux pans de droite et de gauche couvraient les jambes (fig. 2[1]), et le troussequin de la selle pouvait rester libre. Ce fut vers 1320 que l’on se mit à plastronner le haut des cottes d’armes des épaules à la ceinture. Sous Philippe de Valois, cette mode était adoptée ; on avait alors renoncé aux ailettes qui étaient remplacées par de petites spallières d’acier. Ce plastronnage de la partie supérieure de la cotte devient volumineux sous le roi Jean, et le camail le recouvrait (fig. 3[2]). La jupe descendait au-dessous des genoux, et était fendue latéralement jusqu’à la hauteur des hanches. Ces cottes étaient souvent armoyées. Cet homme d’armes est coiffé du bacinet et, à pied, se sert de l’épée à deux mains (voy. Épée).

Alors aussi voit-on des hommes d’armes couverts, par-dessus le haubergeon de mailles, d’une cotte dont la jupe, très-longue par derrière, et flottant par-dessus le troussequin de la selle, est courte par devant (fig. 4[3]). La tête de ce personnage est armée du heaume à bec que l’on commençait alors à porter non-seulement pour jouter, mais aussi dans les combats. La cotte recouvre le colletin de ce heaume et un peu les spallières. On renonce à ces jupes vers le commencement du règne de Charles V. Alors les cottes d’armes collent généralement sur les hanches comme les cottes de l’habillement civil, et la jupe ne descend qu’à moitié des cuisses. On attachait habituellement ces cottes latéralement au moyen de lacets ou d’agrafes, et on les passait comme une dalmatique. Une miniature d’un manuscrit du Roman du roi Meliadus (1300 environ) explique clairement comment l’écuyer posait la cotte sur les épaules de son maître (fig. 5[4]). Parfois aussi ces cottes étaient boutonnées par devant comme nos gilets. On leur donnait le nom de surcots, parce qu’en effet elles étaient posées sur une première cotte. La miniature ci-dessus montre que le personnage auquel on endosse le surcot porte une première cotte courte ou justaucorps par-dessus le haubergeon ou la broigne. Cet exemple n’est pas le seul. Parmi les cottes

  1. Manuscr. Biblioth. nation., Guerre de Troie, français (1300 environ).
  2. Manuscr. Biblioth. nation., Tristan et Iseult, 2e vol., français.
  3. Ibid.
  4. Voyez John Hevitt, Ancient Armours and weapons in Europe, London, 1840, t. II, p. 156.