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[ ARBALÈTE ]
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des mains de sa dame le heaume et l'écu, et dont l'ailette est rejetée en arrière de l’épaule (fig. 6[1]). Ces exemples, et d’autres encore qu'il serait trop long de citer, montrent que les ailettes étaient généralement attachées sous les aisselles avec des courroies, qu’elles pouvaient être portées en avant ou en arrière suivant le besoin, présenter ainsi des targes mobiles ; et qu’enfin, lorsque le heaume était lacé, on ramenait leur extrémité supérieure vers la base de l’habillement de tète. Dans l’adoubement de la chevalerie anglaise, les ailettes sont extrêmement rares. Nous avons l’occasion de revenir sur cette première pièce d’armure de fer à l’article Armure.


ALEMÈLE, s. f. (lemèle, limèle, lamièle). Lame de l’épée (voy. Épée).

« Tant aloit Artus guencisaut,
« Souvent deriere, souvent devant,
« Que d’Escalibor[2] l’alemèle
« Lui embati en la cervele,
« Traist et empainst, et cil caï ;
« Par angoisse jetta un cri[3]. »


ARBALÈTE, s. f. Arme de jet, dérivée de l’arc (arc-baliste), composée d’un arc fait de nerf, de corne ou de métal, d’un arbrier ou corps de bois destiné à fixer l’arc et à recevoir le projectile, et d’une noix avec sa détente. Il est question d’arbalètes dès les premières croisades, et un manuscrit de la Bibliothèque nationale[4] de la fin du Xe siècle[5] montre, dans une de ses vignettes, deux arbalétriers à pied tirant contre les remparts de la ville de Tyr. En 1139, cette arme, reconnue comme très-meurtrière, fut interdite par le concile de Latran entre armées chrétiennes, mais permise contre les infidèles. Elle fut reprise par les troupes à pied de Richard Cœur-de-Lion et de Philippe-Auguste, malgré le bref d’Innocent III, qui renouvela les défenses du concile de 1139[6] et ne fut abandonnée, comme arme de guerre, que sous le règne de François Ier.

  1. Voyez aussi l’une des figures du bahut de 1300 environ, déposé aujourd’hui au musée de Cluny (Mobilier, t. I, p. 27).
  2. Escalibor, nom de l’épée d’Artus.
  3. Li Romans de Brut, vers 11936 et suiv.
  4. Bible, ancien fonds latin Saint-Germain (Xe siècle).
  5. Voyez Dictionn. d’architect. , t. I, Architecture militaire, fig. 9 bis.
  6. Voyez la Notice sur les armes de jet, par M. le lieutenant-colonel Penguilly L’Haridon, ancien conserv. du musée d’artillerie de Paris.