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Et hachetes, pour tout pourfendre,
Selonc ce que l'en les soupoise[1]. »


Et, à la bataille de Mons en Puelle :

« La ot tante trenehaute espée
Entr’eus, el pendant un moncel,
Tant fort escu, tant penoncel,
Tant biau bouclier, tant bacinet,
Cler comme voirre et aussi net,
Tant baston de chesne et de charme,
Tant godendac, tante juisarme,
Tante cervelière aaisie
Et tante cote gambaisie,
Tant hauberjon, tante gorgiere,
Taute lance roide et entière,
Tante espée, tante saqueboute.
Que touz lez en reluist toute
La closture d’eus et la haie
Pour le soleil qui desus raie[2]. »


Ces passages montrent que le mot « cervelière » était admis au commencement du xive siècle, pour désigner une coiffure militaire qui d’ailleurs est fort ancienne, puisqu’on la voit représentée sur des monuments d’une époque très-antérieure.

Cette coiffure portait-elle alors le même nom ? Nous ne pourrions l’affirmer ; nous classons toutefois dans cet article toutes les calottes de fer battu ou de mailles qui étaient justes au crâne, et qui ne sont, ni des heaumes, ni des bacinets, ni des salades, ni des chapels, ni des morions, ni des armets, ni des barbutes.

Les monuments carlovingiens montrent déjà des casques qui ne sont que de véritables cervelières[3]. Du viii- siècle au commencement du xiie siècle, il n’est pas rare de voir des hommes d’armes représentés coiffés d’un casque qui ressemble fort à celui adopté par les troupes des Romains, sauf le cimier, et qui ne consiste qu’en une bombe avec couvre-nuque très-court, non saillant, muni parfois de lanières de peau ou d’étoffe pour garantir le cou (fig. 4[4]). Ce casque n’est qu’une cervelière. Il est parfois légèrement conique et muni d’une capeline de peau. Mais c’est à dater de la fin du xiie siècle,

V. — 33
  1. Guillaume Guiart, Branche des royaux lignages, règne de saint Louis, vers 1912 et suiv. (1306).
  2. Branche des royaux lignages, vers 11152 et suiv.
  3. Voyez Armure, fig. 2.
  4. Bible de Souvigny, biblioth. de Moulins (1115).