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[ AILETTE ]
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verture sur les épaules[1]. Cela est parfaitement apparent dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de 1260 environ (fig. 2[2]). Ici l’ailette s’incline, à sa partie supérieure, vers la base du heaume, de manière à présenter la défense qu’indique la figure 3. Il est évident que le coup de masse ou de hache, tombant sur le heaume

et glissant, rencontrait ces plaques et n’atteignait pas les épaules. Mais si le bras de l’homme d’armes était levé ou étendu, alors le coup pouvait briser l’humérus. On ajouta donc, à la fin du xiiie siècle, d’abord une plaque couvrant la partie externe de l’arrière-bras, puis forcément une cubitière, c’est-à-dire une rondelle quelque peu pliée, garnissant le coude (fig.4[3]). Ces pièces n’empêchaient point

v. — 3
  1. L’exemple A est tiré du manuscrit de Tristan, Biblioth. nation., français (1250 environ). L’exemple B est extrait du manuscrit li Roumans d’Alixandre, Biblioth. nation., français (1230 environ). Dans l’exemple A, provenant d’un manuscrit dont les vignettes sont remarquables comme exécution, l’ailette est bien indiquée à sa vraie place, la tête du cavalier n'étant pas couverte du heaume. Dans l’exemple B, exécuté par une main moins habile, l'artiste n’a su comment placer l’ailette, qui devrait se présenter suivant une inclinaison ; mais on va voir que l’indication est précise dans d’autres manuscrits d’une époque un peu postérieure.
  2. Hist. du roi Artus, Biblioth. nation., français, n°342.
  3. Manuscr. de Godefoiy de Bouillon, Biblioth. nation., français. Sur les pierres tombales gravées on voit souvent figurées les courroies détachées qui bridaient les ailettes contre le heaume.