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rang d’annelets en F, comme le premier B, de manière à pincer le velours entre les deux rangs. Ainsi, les annelets, maintenus par le bourrelet E, ne pouvaient-ils se placer de champ et devaient demeurer couchés. Entre les rangs d’annelets on voyait le listel d’étofTe G, de couleur vive habituellement, ce qui produisait un bon effet. Il est clair qu’un pareil vêtement était un bon préservatif, défiait les traits et coups de taille. La broigne, fabriquée d’abord au moyen d’annelets tangents[1], semble avoir été faite, ainsi que nous venons de le dire, vers la seconde moitié du xiie siècle. En effet, des miniatures de cette époque montrent des rangs d’annelets séparés par des filets sur les cottes militaires. Puis ce système n’est plus guère adopté au commencement du xiiie siècle ; il reparait vers 1250 et ne cesse d’être employé jusque vers le milieu du xive siècle. Il est même un moment (de 1260 à 1280) où la broigne est plus souvent figurée sur les monuments (tombeaux, miniatures, gravures sur métal) que le haubert de mailles.

Mais prenons d’abord la broigne normande, telle qu’elle est figurée sur la tapisserie de Bayeux et quelques manuscrits de la fin du xie siècle. Cette broigne (fig. 2) est une tunique à manches courtes. Sa partie inférieure, au lieu d’être terminée en jupon, est séparée en manière de caleçon ample. Donc n’étant ouverte par le bas que de a en b, pour couler les jambes, il fallait passer le corps par une ouverture supérieure A, quadrangulaire, fermée par un vantail et quatre boutons. Par derrière (voyez en B) était un camail pendant. L’homme d’armes, ouvrant le vantail A, introduisait les

  1. Voyez Armure, fig. 4. Tapisserie de Bayeux.