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armés de jacques ou de brigantines. On en voit encore sur des hommes d’armes des premières années du règne de François Ier ; et plus tard encore en portait-on sous le pourpoint, par mesure de sûreté, pour se garantir contre une tentative d’assassinat.

La brigantine dont on se servait pour les tournois était bouclée sur le côté droit, tandis que celles de guerre sont généralement agrafées, bouclées ou lacées sur la poitrine. Bien que la fabrication de la brigantine exigeât beaucoup de soin, de temps et fût compliquée, elle coûtait moins cher que celle des cuirasses d’acier.

Le harnais blanc complet de la première moitié du 15e siècle était d’un prix exorbitant, à cause de la difficulté de forger ces grandes pièces d’égale épaisseur et sans gerçures ou pailles, à une époque où l’on ne possédait pas les moyens mécaniques qui permettent d’amincir régulièrement le fer ou l’acier ; aussi n’est-ce que peu à peu que l’armure blanche réduit le nombre des pièces qui la composent dans l’origine. (Voy. Armure, Corselet, Cuirasse.)

« Item, les archiers portent harnoys de jambes, sallades comme dessus est dict, gros Jacques doublés de grant foyson de toylles ou brigandines, arc au poing et la trousse au cousté[1]. »

« Et le jeudy ensuivant, vingt et deuxiesme jour dudit mois d’aoust (1465), les dits Bretons et Bourguignons vindrent escarmoucher, et il yssit de Paris plusieurs gens de guerre aux champs, et là y eut un Breton archier au corps de monseigneur de Berry qui estoit habillé d’unes brigandines couvertes de veloux noir à doux dorez, et en sa teste un bicoquet garny de bouillons d’argent dorez qui vint frapper ung cheval sur quoy estoit monté un homme d’armes de l’ordonnance du Roy[2]. »


BROIGNE, s. f. (brogne, broine, bronie, brunie). Cuirasse faite de peau, avec anneaux de fer cousus très-rapprochés. Il est question de la broigne déjà dans la Chanson de Roland :

« Li emperères tuz premereins s’adubet,
Is nelement ad vestue sa brunie,
Lacet sun helme, si ad ceinte Joiuse[3]. »

« Helmes laciez e vestues lor bronies[4]. »

  1. Du costume militaire des Français en 1446. Anonyme, publié par M. René de Belleval.
  2. Chron. de Jean de Troyes.
  3. Str. ccxiii.
  4. Str. ccxxii.