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[ AILETTE ]
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le coup déviait et tombait sur l’une des épaules, qu’il brisait ou contusionnait fortement, malgré l’épaisseur du haubert et la maille. On attacha donc des plaques de fer sur les deux, épaules afin de parer ces coups déviés. Les heaumes étant alors très-larges, ces plaques de fer ou ailettes formaient des deux côtés, au-dessous du heaume, deux plans inclinés qui faisaient glisser le coup de masse. Il était naturel de donner alors à ces ailettes la forme rectangulaire. Les ailettes ont, dans l’histoire de l'adoubement de l’homme d’armes, une importance particulière ; elles sont la première pièce d’armure de fer ou d’acier qui apparaît sur la maille, indépendamment du heaume, et elles conduisent peu à peu l’homme d’armes à plaquer un grand nombre de pièces de fer détachées sur la cotte de mailles, jusqu’au moment où celle-ci disparaît entièrement pour faire place à l’armure de plates. Souvent voit-on figurées, sur des pierres tombales de 1260 à 1300, des ailettes développées sur les deux épaules du personnage gravé sur la pierre, et l’on ne s’explique guère ainsi l’usage de ces plaques de métal. De fait, ces plaques n’étaient utiles qu’au moment du combat, lorsque le heaume était lacé. Alors on ramenait la partie supérieure des ailettes vers le cou ; elles formaient ainsi comme un toit couvrant les épaules et prolongeant les côtés du heaume. Cette disposition est clairement exprimée dans les vignettes des manuscrits de cette époque. Des cavaliers armés (fig. 1) n’ont pas la tête couverte du heaume, et les ailettes atta-