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ment, pour combattre à cheval ; car alors, comme il a été dit plus haut, l’épée était attachée à l'arçon de la selle du côté droit. Ainsi ne gênait-elle pas les mouvements du cavalier lorsqu’il chargeait, la lance en arrêt. Comme il fallait alors se dresser sur les étriers, on comprend que cette lourde lame pendue au côté gauche embarrassait le cavalier et pouvait déranger l’équilibre parfait qu’il devait conserver pour maintenir la lance en arrêt et diriger son fer.

Cependant on voit encore des hommes d’armes porter, avec l’armure de plate complète, la ceinture militaire jusque vers 1430, mais cela est rare en France, plus commun en Angleterre.

Un baudrier assez fréquemment porté de 1420 à 1430 consiste en une simple courroie portée en sautoir, de la taille à la hanche gauche ; l’épée était passée dans une embrasse de cuir à la partie basse (fig. 15). Une courroie tenant à la partie supérieure du fourreau passait dans une bouclette fixée à l’embrasse B. Pour que le baudrier ne pût couler sur la braconnière, il passait dans une bielle A rivée à la lame supérieure de cette braconnière du côté droit. (Voy. Armure, Ceinture, Épée).


BAVIÈRE, s. f. Pièce d’armure qui apparaît vers le milieu du xive siècle, lorsque les plates commencent à être adoptées dans l’adoubement de l’homme d’armes, presque en même temps que le bacinet (voy. Bacinet, fig. 3 et 4). L’ancien heaume français des xii- siècle et xiiie siècle ne se posait sur la tête qu’au moment de combattre. Il était extrêmement lourd, garantissait parfaitement la tête, mais couvrait mal la gorge, au-dessous du menton. Bien qu’il reposât sur une sorte de mortier d’étoffe ou de peau en façon de turban qui entourait le crâne, sa partie inférieure était libre, et les coups portés sur cette partie le faisaient dévier, ou échappaient et venaient frapper la naissance du cou au-dessus des clavicules. Lorsque, vers 1350, on remplaça le heaume à la guerre par le bacinet, les chapels de fer et salades, on voulut mieux préserver la partie inférieure du visage, et surtout éviter le coup dangereux de la lance porté à la hauteur de la gorge. Une plaque d’acier fut alors adaptée à la cervelère de peau, de mailles ou de fer (barbute), qui était posée sous le chapel de fer.

La figure 1 montre comment fut attachée la bavière primitive[1]. Sur le camail de mailles était posée une barbute ou cervelière de fer garantissant la nuque. À ce casque, au moyen de deux pivots, était fixée la bavière, qu’on pouvait ainsi relever un peu pour passer la

  1. Manuscr. Biblioth. nation., Tite-Live, trad. française (1350 environ).