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(voyez en A), l’enveloppait, et venait, en deux parties, passer cousue sur elle-même (voyez en a). La seconde moitié B était laissée lâche, passait sur la partie antérieure du fourreau. L’une de ses lanières b entourait le fourreau et venait se nouer à la seconde lanière c, qui était préalablement passée dans des œils pratiqués dans la courroie postérieure D. L’extrémité de cette courroie postérieure, repliée sur elle-même, était cousue en e et maintenue par un rivet avec double rondelle en f.

En E, est donné le profil de ce rivet. D’autres rivets servaient à bien maintenir la doublure de soie du baudrier à la cuirie. Mais en G ces rondelles n’étaient plus que des œillets de métal à travers lesquels passait l’ardillon de la boucle, fait comme il est indiqué dans la figure 4. L’avantage de ce moyen de suspension était de laisser à l’épée une grande liberté de mouvement, tout en la maintenant solidement, liberté obtenue par la partie lâche de la demi-courroie B. En effet, la courroie postérieure H serrait fortement le fourreau vers le centre de gravité de l’arme et tendait à la ramener derrière la cuisse gauche, mais les deux lanières i, i, bien attachées à la partie supérieure du fourreau, tendaient à ramener l’épée sur le ventre. Entre ces deux tirages en sens inverse, était la demi-courroie B, qui était assez lâche pour faciliter le mouvement de l’extrémité de l’épée en arrière, sans cependant lui permettre de dépasser une certaine inclinaison. Ainsi, soit en marchant, soit à cheval, l’arme obéissait aux mouvements du corps, mais en conservant son centre de gravité, de manière à ne jamais donner de secousses. En L, le nœud l est montré par dessous. A la ceinture sont adaptés des passants de métal n, destinés à empêcher le cuir de plier et de former corde.

Cette façon de suspendre la lourde épée du xiiie siècle (voy. Épée) parut probablement bonne, car elle persista jusqu’au xive siècle, et ne fut abandonnée que lorsque la forme de l’arme fut modifiée ; c’est-à-dire lorsque les lames, au lieu de posséder un nerf saillant sur les deux plats, reçurent au contraire une ou deux cannelures, et que ces lames, par suite, furent relativement pesantes vers la pointe. On ne put plus alors les porter verticalement, ou peu s’en fallait, sur la cuisse gauche ; on dut leur donner une très-forte inclinaison pour que leur extrémité ne risquât pas de battre dans les jambes en marchant.

L’épée du xiiie siècle est au contraire très-lourde au talon, et devait, à cause de cela même, être suspendue presque verticale. Beaucoup de monuments figurés du commencement du xive siècle