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Les bannières étaient dréssées, dans les campements, sur les pavillons des seigneurs bannerets, ainsi que le montre la figure 5, et, lorsqu’on prenait la mer, sur les nefs dans lesquelles étaient montés ces personnages. Cet usage est consigné par Villehardouin : « Et quand les nés furent chargiés d’armes, et de viandes, et de chevaliers, et

de serjanz, et li escu furent portendu environ de borz et de chaldeals des nés, et les banieres dont il avoit de tant bêles[1]. » Des miniatures des manuscrits des xiii- siècle, xiv- siècle et xve siècle nous montrent, en effet, les bannières suspendues aux bordages des navires.

Dans le beau manuscrit des Statuts de l’ordre du Saint-Esprit au droit désir, de 1352[2] est une miniature représentant les chevaliers de cet ordre s’embarquant pour la Terre-Sainte. Sur les châteaux d’arrière des nefs sont dressées des bannières oblongues, armoyées (fig. 8). La même miniature montre de grands canots ou baleinières montées par des hommes armés tenant les avirons. Des deux côtés de la poupe de ces canots sont dressés de grands pavois armoyés dont l’extrémité inférieure tombe dans la mer. Ces pavois servaient de gardes aux patrons des barques et aux personnages de distinction qui les montaient (fig. 9). Des écus sont attachés aux bordages et garantissent les rameurs comme autant de merlons. Une bannière est élevée devant le timonier.

  1. De la conqueste fie Constantinople, édit. Michaud-Poujoulat, p. 23.
  2. Musée des souverains au Louvre ?.