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Il est question de bannières, à cette époque (xiiie siècle), sur lesquelles sont peintes des images qui ne sont point figures héraldiques :

 « Et voit une baniere blanche come flor d’esté,
Où l’ymage saint Jorge estoit enfiguré[1]. »

Tandis qu’au xive siècle, les bannières sont habituellement armoyées :

« Diex ! tant il i a de banieres
Qui ne sont pas de couleurs seules !
Or, argent, et azur et gueules,
De quoi eles sont mi-parties
I flamboient en mil-parties,
Là où les raiz de soleil poignent[2]. »

« Près de l’une est jà la baniere
D’azur fin sur cendal parfaite,
Et à fleur de lys d’or pourtraite[3]. »

Pendant les xii- siècle et xiiie siècle, sur les bannières paraît avoir souvent été peint le lion héraldique.

Dans les romans, il est question de bannières à lyons. Nous lisons dans la chanson de geste de Guy de Nanteuil :

« Ele a prise une hanste, si ferme .I. gonfanon
De moult riche chendal où ot paint .I. lion[4]. »

de bannières avec figures de dragons :

« Et portoit l’oriflambe, l’ensaigne et le dragon[5]. »

« L’ensaigne Godefroi ont moult bien avisée,
Au dragon, qui avoit la queue gironée.
Li .I. la mostre k l’autre : — Vès l’ensaigne dorée
Au bon duc Godefroi ! Hé Dex ! quel destinée[6]. »

Il est fort possible que les enseignes au dragon fussent non point une représentation peinte de cet animal fantastique sur un morceau

V. — 23
  1. Gaufrey, vers 10058 et suiv.
  2. Branche des royavx lignages. Règne de saint Louis, vers 10320 et suiv. Guillaume Guiart (xive siècle).
  3. Ibid., Règne de Philippe-Auguste, vers 1193 et suiv.
  4. Vers 1154 et suiv. (premières années du xiiie siècle).
  5. La Conquête de Jérusalem, chant Ier, vers 558.
  6. Ibid., chant VII, vers 7087 et suiv.